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Hommages à Michèle Casanova

Hommages à Michèle Casanova

Le décès de notre collègue et amie Michèle Casanova, survenu le 22 décembre dernier, a marqué la fin de l'année 2020 de manière tout à fait tragique.

De 2012 à 2020, Michèle a été membre du laboratoire Archéorient et de la Maison de l'Orient et de la Méditerranée, ainsi que titulaire du poste de professeure d'Archéologie orientale de l'Université Lyon 2. Au fil des années, elle a noué de nombreuses relations professionnelles et amicales au sein de notre communauté académique. Elle a également formé et accompagné toute une génération d'étudiant(e)s et de jeunes chercheurs en archéologie. Nombreux sont ceux à vouloir exprimer un mot, une pensée ou un témoignage en sa mémoire.

 

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Chère Madame Michèle Casanova,

C’est avec une immense tristesse que nous nous adressons directement à vous, nous les étudiant.es d’une enseignante-chercheuse très respectueuse, ainsi qu’une scientifique de premier plan. Nous avons perdu notre chère professeure, et aujourd’hui, nos cœurs pleurent et sont pris d’une inconsolable douleur.

Exaltée par la recherche et passionnée par la connaissance, Madame Casanova a dirigé et co-dirigé de nombreuses missions archéologiques au Proche- et au Moyen-Orient. La première et la plus importante caractéristique d'un archéologue est d'être ouvert aux autres cultures, d'embrasser leur unicité et d'agir comme s’il en faisait partie. En tant qu'archéologue, Madame Casanova y a excellé. Très active au sein du milieu universitaire, elle a aussi enseigné patiemment à de nombreux étudiants, chercheurs, et jeunes docteurs de nombreux pays. Elle a ainsi participé au développement de la science à une échelle internationale.

Madame Casanova, notre émotion est grande à l’heure de vous dire au revoir. Vous étiez archéologue, historienne, historienne de l’art mais plus que ça, une personne humaine, très humaine. Toujours soucieuse de l’intérêt de chacun et de chacune de nous, vous avez su révéler le meilleur de nous-mêmes. Vos grandes qualités humaines et votre altruisme faisaient que nous partagions avec vous nos moments de joie comme nos épreuves les plus difficiles. Ainsi, vous nous avez permis d’avancer et vos encouragements inconditionnels ont grandement marqué nos vies.

Aujourd’hui, vous manquez à votre famille et à vos proches, mais aussi à vos étudiant.es. Vous manquez à nos cours, à nos conférences, à nos universités. La mort ne vous emporte pas entièrement, il restera de vous tout ce que vous nous avez appris. Vous vivrez tous les jours dans nos recherches, nos efforts, nos avancées et vous serez toujours dans nos cœurs.

Au travers de cette lettre, nous souhaitons également présenter nos sincères condoléances et notre soutien affectueux à sa famille et à ses proches dans cette épreuve si difficile à accepter.

Azadeh Yekdane, Mojgan Shafiee, Nasir Eskandar, doctorantes et doctorant de Madame Michèle Casanova

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Michèle restera pour moi cette personne souriante, qui parlait d'une voix douce mais ferme, débordée et presque insaisissable après laquelle je devais courir quand elle oubliait nos réunions ! Je l'ai vu avec ses étudiants, je l'ai vu à la Braderie de la bibliothèque avançant les frais et/ou offrant des livres à ses étudiants parce que c'était normal pour elle, parce que Michèle était comme ça.

Véronique Faure, bibliothécaire, Maison de l'Orient et de la Méditerranée - Jean Pouilloux.

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Je souhaiterais exprimer toutes mes condoléances à sa famille et à l’ensemble de ses collègues. Je ne connaissais pas bien Michèle mais c’est quelqu'un que j’appréciais. Elle a toujours été très sensible au thème de l’archivage, elle avait d’ailleurs fait faire à ses étudiants un inventaire des archives d’Olivier Pelon et la dernière fois que je l’ai croisée au mois d’octobre 2020, alors qu’elle préparait son affectation à Paris, peu avant que je passe mon oral, elle était ravie qu’un poste d’archiviste pérenne soit enfin affecté à la MOM. Je me souviendrais longtemps du ton chaleureux avec lequel elle m’a souhaité « Bonne chance ».

Laure Bezard, archiviste, Maison de l'Orient et de la Méditerranée - Jean Pouilloux.

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C’est avec une grande tristesse que je souhaiterais exprimer mes plus sincères condoléances à la famille et aux amis de Michèle Casanova. J’aimerais également laisser ici un témoignage plus personnel de ma très grande considération envers sa personne et sa carrière. Travaillant tous deux sur l’aire iranienne, nous avons collaboré étroitement au cours de ces cinq dernières années. Au fil de ses activités, Michèle avait tissé avec l’Iran de très riches relations académiques. Elle a ainsi été la cheville ouvrière d’accords et de projets de coopérations entre l’université Lyon 2 et plusieurs universités ou centres des recherche iraniens. Sans ce cadre, qu’elle a énergiquement participé à bâtir, les différents programmes de recherche en cours sur l’Iran, au sein d’Archéorient, n’auraient pas pu voir le jour. Elle a codirigé et formé les travaux de nombreux étudiants iraniens, le plus souvent en cotutelles, œuvrant en cela au développement des relations académiques irano-françaises. Je peux ainsi personnellement témoigner de l’affection et de la grande estime que de nombreux collègues iraniens, chercheurs et étudiants, portent à Michèle. Plus largement, Michèle faisait toujours preuve d’enthousiasme vis-à-vis des projets des jeunes collègues, les soutenant et les encourageant tout en leur laissant une grande liberté de pensée et d’action. Dans l’ensemble de ses activités, elle a toujours agi avec humanisme ainsi qu’avec un constant souci du collectif et du service public. Le décès de Michèle laisse donc un vide dans les recherches en archéologie orientale, plus particulièrement dans les relations entre la France, les pays du Caucase et l’Iran, alors qu’en ces temps sombres pour l’amitié entre les peuples, elles auraient besoin d’être considérablement renforcées.

Sébastien Gondet, chercheur, laboratoire Archéorient.

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L’annonce a été brutale. Elle nous a tous saisis. On le sait pourtant. La covid rôde, elle parle dans les média, elle a pu frôler des connaissances, des proches, des étudiants, des collègues. L’ambiance est à la traîne. Depuis la rentrée, on se rencontre de loin, on ne se voit plus sourire, on s’habitue aux masques et aux gestes-barrière. Les rues perdent leur animation. Les sirènes des ambulances se font pénibles. On attend en baissant la tête. Et soudain, elle est là. Elle a porté la mort dans notre équipe d’histoire de l’art et archéologie.

Cette rentrée, Michèle est nommée à Paris. Elle est heureuse. Son souvenir est toujours vif parmi nous. Les rencontres au détour d’un couloir de Lyon 2, dans l’ascenseur de la MOM avec sa valise, au sortir d’un cours, dans nos réunions de département où sa voix douce sait apaiser les tensions … Elle a cette attention à l’autre qui ouvre très vite la discussion sur l’intimité, les difficultés et les réussites, les joies et le peines, les étudiants, les projets d’avenir. Elle me parle souvent de sa lassitude à partager sa vie entre ici et là-bas. De son père, qu’elle a soigné jusqu’au bout avec une humble patience. De ses fouilles aussi, les problèmes posés par les conflits, les ouvertures sur d’autres pays.

Et maintenant, cet autre départ. Définitif. L’ambiance est à la peine.

Nicolas Reveyron, enseignant-chercheur, laboratoire ArAr

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Début avril 2014, j’ai rencontré pour la première fois Michèle car elle souhaitait que je prenne en main la réalisation d’outils de communication pour le colloque international « Le Plateau iranien ». Un bon mois de travail s’en est suivi avec de nombreux échanges par mails. J’ai beaucoup apprécié sa générosité, sa disponibilité, ses confidences et sa bienveillance. Voici quelques-uns de ses mails :

30 avril 2014 – « Bonjour Michèle, Valérie vient de me donner une jolie boîte de nougats de votre part ! Merci pour cette délicate attention. Bien à vous. Caroline » ; 30 avril 2014 – « C'est un plaisir, tout le monde est enchanté par l'affiche, le sac, les dossiers. Merci et merci. Bien à vous. Michèle ».

18 avril 2014 – « Chère Caroline, j'adore ce visuel vraiment c'est superbe, cela représente bien pour moi notre projet. Cela me touche esthétiquement parlant. Merci beaucoup. Michèle ».

17 avril 2014 – Merci Caroline, je viens de revenir de mon expédition dans la montagne à 2200 m (avec la neige sur les sommets) et j'adore aussi ce que vous avez fait ! Merci de votre patience et du travail soigné !! Cordialement. Michèle ».

Je suis très triste à l'idée de ne plus la croiser, comme lorsque nous nous retrouvions ces dernières années pour parler du Master 2 « Archéologie – Sciences pour l’archéologie » et des étudiants... Toutes mes pensées vont à sa famille et à ses proches.

Caroline Develay, chargée de communication, Maison de l'Orient et de la Méditerranée.

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Je connaissais Michèle Casanova professionnellement. Sa passion pour ses recherches était communicative et c’est avec une grande tristesse que j’ai pris connaissance de son décès. A présent, je porte les mots de ma maman et de ma sœur qui ont eu le plaisir d’avoir M. Casanova comme professeure. Elles tenaient à lui rendre hommage.

Une seule année, une année unique et inoubliable, 2012 ! Iris, ma fille était en Master 1 d’Histoire de l’Art, moi, j’étais auditeur libre. Nous étions enthousiasmées par le sujet du cours dédié aux échanges commerciaux autour de la Méditerranée, ce qui sous-entendait, entre autres, le commerce impressionnant du lapis-lazuli, notre passion commune. Michèle Casanova nous fit partager son grand intérêt pour cette pierre et sa splendide couleur. Une année merveilleuse pour moi, pendant laquelle j’ai découvert derrière la professeure passionnée, une femme chaleureuse et humaine qui aimait tellement le pull bleu que j’arborais avec plaisir à son cours et dont je lui ai offert un exemplaire avec plaisir. M. Casanova nous a encore prouvé qu’un bon professeur est d’abord un bel humain. Nous n’avons partagé qu’une année mais elle fut intense et reste définitivement ancrée dans notre esprit et notre cœur. Toutes nos condoléances et nos amicales pensées à sa famille et notamment à sa fille.

Colette et Iris Eschenbrenner, respectivement ex-auditrice libre et ex-étudiante de Master 1 du Master « Archéologie – Sciences pour l’archéologie », et Gersande Eschenbrenner, postdoctorante à Université de Jaén (Espagne).

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J'ai appris le décès de Michelle Casanova et je voudrais en premier lieu adresser toutes mes condoléances à sa famille.
J'ai connu Mme Casanova dans le cadre de mes missions à la DRED de l'Université Lumière Lyon 2 de 2017 à 2020. J'ai le souvenir d'une personne très engagée dans tous les projets qu'elle menait (recherche, formation et vie de l'établissement), mais aussi très humaine. Il était toujours très agréable de travailler et de discuter avec Mme Casanova, qui était passionnée par son métier. Je la remercie de m'avoir fait confiance en me laissant intervenir dans le Master Archéologie dans lequel est était si impliquée et appréciée par les étudiants. Aussi j'ai le souvenir d'une chercheuse de haut niveau, en capacité de mobiliser un réseau international autour de projets de recherche ambitieux. 
Toutes mes pensées vont pour ses proches.
 
Colin Volle - Ingénieur d'études - Institut de recherche pour le développement - Marseille
 
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Une belle chevelure blonde et des yeux magnifiques, toujours vers l’avant, la valise d’un côté, et, pendant une période, en plus, en appui de l’autre, avec une énergie et une conviction entières, Michèle Casanova est une femme qui a remporté des épreuves au long de sa vie et dans sa carrière. Elle était notre collègue investie dans toutes les tâches qui font le métier de Professeur des Universités : en tant qu’enseignante et en tant que directrice de mémoires et de thèses, elle a offert son temps et transmis toutes ses connaissances sans compter à tous les étudiants qui la suivaient dans ses cours et ses recherches. Elle remplissait pleinement aussi son rôle d’archéologue, dans un pays lointain et à risque, responsable d’un passionnant chantier de fouilles.

J’ai eu la chance de la côtoyer d’assez près pour apprécier son intégrité et une franchise dynamique qui nous ont fait toutes les deux beaucoup rire ensemble. Dans un de nos derniers échanges, je lui exprimais aussi mon admiration pour son sens de la diplomatie, déployé dans les diverses responsabilités qu’elle a acceptées dans notre université.

Si elle a été recrutée à l’université de Paris Sorbonne, sur un poste de Professeur d’Archéologie Proche-Orientale, un des très rares postes dans le domaine en France, c’est parce qu’elle est une des rares et des grandes spécialistes du domaine ; elle y était accueillie pour toutes ses qualités et la Sorbonne se réjouissait de l’arrivée d’une telle enseignante, d’une telle chercheuse, d’une telle directrice de thèses, d’une archéologue responsable d’un tel chantier de fouilles.

Sa disparition fait un grand vide, pour ses doctorants, à Paris en archéologie proche-orientale, et pour nous, ses collègues lyonnais.

Je ne peux toujours pas croire à sa disparition et je suis bien triste et très émue en pensant à sa fille, qui se retrouve toute seule.

Une collègue qui continue de penser à elle.

Isabelle Boehm, enseignante chercheuse à Lyon 2, laboratoire HISOMA

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Début novembre Michèle nous avait elle même annoncé qu’elle avait attrapé la Covid 19, mais a priori sous une forme peu grave même si elle était fatiguée. Puis elle a été hospitalisée et mise sous coma artificiel ce qui était évidemment plus inquiétant, mais les nouvelles n’était en même temps pas trop alarmantes, au point que le 21 décembre l’information qui nous parvenait précisait que « les médecins sont cependant optimistes si l'amélioration se poursuit dans les jours qui viennent ».  Le lendemain ce fut le coup de massue de l’annonce de son décès. Quelle tristesse.

Personnellement j’ai connue Michèle au cours de deux phases.
    - Alors que j’étais directeur de la revue Paléorient, pendant 4 ans (de 2008 à 2012), Michèle a siégé au Comité éditorial de la revue comme représentante la section 31 du Comité National du CNRS. Pendant ces 4 années elle a toujours participé aux deux réunions annuelles de ce comité, s’y investissant pleinement et acceptant régulièrement de faire la review d’articles proposés. J’ai alors apprécié son sérieux, son investissement et sa rigueur scientifique.
    - Puis à la rentrée universitaire 2012, elle a obtenu le poste de professeur d’Archéologie Orientale à Lyon 2 et elle a rejoint Archéorient.  Pendant 8 ans j’ai donc côtoyé la collègue devenue amie, tout particulièrement ces dernières années où j’ai occupé le bureau face au sien. Professeur totalement dévouée à son enseignement, j’ai pu constater combien elle ne comptait pas son temps aux étudiants. En parallèle, elle a accepté de nombreuses taches collectives tant à l’université que dans le laboratoire de recherche ou sur le terrain où elle à mené des travaux principalement en Iran et en Azerbaïdjan.

Son sourire, son enthousiasme, sa rigueur et ses qualités humaines vont nous manquer, c’est dur.

 
Eric Coqueugniot, chercheur, laboratoire Archéorient