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ANR GEOPAM

Contrat ANR Jeune Chercheur "GEOPAM"

(ANR-XXXXXX) (2006-2009)

Contrat ANR Jeune Chercheur "GEOPAM"

Porteur du projet :
Jean-Philippe GOIRAN
Géo-archéologue - chargé de recherche CNRS
Laboratoire Archéorient (UMR 5133)
jean-philippe.goiran@mom.fr

Jeunes partenaires principaux :
Osmas Pavlopoulos (Université d'Harokopio, Athènes)
Nick Marriner (UMR 6635 CEREGE)

Géoarchéologie des ports antiques et méditerranée : Rome, Athènes, Tyr, Alexandrie

Le projet GEOPAM vise à étudier un objet archéologique longtemps délaissé : le port antique qui se définit à la fois par son contenant (les structures portuaires) et son contenu (les sédiments déposés suite à l’envasement des bassins au cours du temps) (figure1). L’objectif est de faire progresser nos connaissances sur les ports antiques de Méditerranée. Ce thème de recherche devrait connaître dans les prochaines années un essor croissant

Les résultats obtenus portent sur la préhistoire et l’histoire des ports à l’échelle de la mer Méditerranée, de Rome à Alexandrie en passant par Athènes.

(1) L’étude de la préhistoire des ports doit préciser d’une part la chronologie de l’occupation du sol et l’anthropisation du milieu et d’autre part la configuration géographique du milieu avant la fondation du port doit être déterminée (baie marine, lagune, delta…).

(2) Le second résultat obtenu concerne l’histoire des ports. (2-1) Date de construction. (2-2) Durée de fonctionnement. Cela intègre son aménagement et son entretien (par la mise en évidence de phases de curage antique destinées à maintenir les bassins fonctionnels). (2-3) Date d’abandon. Nous déterminons si cet abandon a été progressif ou soudain mais également si cet abandon est d’ordre naturel (envasement…) ou lié à l’action de l’homme (conflit, mauvais entretien des structures...).

Les résultats majeurs obtenus sont les suivants :

1) Configuration portuaire de Portus. Le port maritime de Rome était muni d’une double entrée : l’une principale à l’ouest et l’autre secondaire au nord. Les deux hypothèses de départ (développées dans la littérature) n’étaient donc pas antinomiques mais complémentaires.

2) Occupation pré-portuaire à Alexandrie. Un signal géochimique en plomb a été mesuré dans des échantillons obtenus par carottages dans l’ancienne baie d’Alexandrie. Nous prouvons, par la présence de particules de plomb, issue des activités métallurgiques, une présence durant l’Ancien Empire Egyptien. Cette première pollution en plomb se développe entre 2690 et 2180 av. J.-C. Une seconde phase de pollution est détectée durant l’Age du Fer, entre 1000 et 800 av. J.-C. et correspond à la fin de la période Ramesside. Ces découvertes rendent compte d’une activité et d’un peuplement préhellénistique important à Alexandrie. Ces résultats sont à mettre en relations avec les textes anciens de Strabon (17.1.6) et de Pline (NH 5.11.62) indiquant un noyau de peuplement pré hellénistique nommé Rhakotis. Par la suite, nos recherches se sont concentrées sur le tombolo d’Alexandrie. Nous avons montré que lors de l’arrivée d’Alexandre, l’île de Pharos n’était déjà plus une île. Elle était rattachée au « continent » par une mince bande de sable formant un isthme (appelé aussi tombolo). C’est sur la partie émergée de ce tombolo que les ingénieurs de l’époque ont construit l’Heptastade, une chaussée de 1, 3km de long reliant artificiellement la côte égyptienne à l’île. Enfin, nous avons travaillé sur l’impact de cet Heptastade sur la courantologie. Contrairement à l’idée répandue qui voudrait que l’Heptastade ait permis de protéger davantage le port Oriental (le Magnus Portus), nous montrons, par modélisation des paléodynamiques que les courants en ont été renforcés par déficit de charge sédimentaire.

Pollution en plomb à Alexandrie (Egypte) au cours des 3 derniers millénaires

Pollution en plomb à Alexandrie (Egypte) au cours des 3 derniers millénaires. On note sur ces graphiques un pic de plomb vers -900 av. J.-C. soit bien avant la fondation de la ville par Alexandre. L’utilisation de la géochimie du plomb suggère un peuplement pré-hellénistique du site. (d'après Veron et al., 2006)