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Colloque « Bâti3D » - La modélisation 3D comme outil heuristique
Colloque "Bâti3D" La modélisation 3D comme outil heuristique

Colloque organisé par Corinne Castel (Archéorient) labellisé par le LabEx IMU.
- 8 et 9 juin 2017, Maison de l'Orient et de la Méditerranée, Amphithéâtre Benveniste, Lyon
Affiche (.pdf) ; Programme (.pdf)
Contact : Corinne Castel , Obab Aldbiyat

En archéologie, la modélisation 3D se banalise avec l’usage de plus en plus fréquent du numérique. Elle est souvent proposée comme une simple illustration d’une réalité approximative, sinon déformée. Mais elle révolutionne aussi les activités de terrain. En informatique graphique, elle sert de support à des réalisations de mondes virtuels, encore bien souvent marqués par leur aspect artificiel. À l’heure où le patrimoine syrien et irakien en particulier, largement endommagé, notamment sur certains sites emblématiques comme Palmyre, devient un enjeu politique majeur, les spécialistes de l’outil 3D sont de plus en plus sollicités pour contribuer à la restitution, la restauration ou la reconstruction des monuments détruits. Il semble donc urgent de réfléchir aux usages de la modélisation 3D, à son intérêt comme outil heuristique, à ses limites.

La modélisation 3D est ici envisagée d’abord comme un outil d’analyse au service de la recherche, permettant de tester des hypothèses de restitution et d’usages, de mettre en évidence des cycles de vie et une évolution (de l’objet, du bâti), de renouveler les questionnements sur les processus constructifs, les pratiques de l’espace à différentes échelles et leurs représentations.

À travers cette table-ronde, initiée dans le cadre du projet Bâti3D soutenu par le labex IMU (Intelligence des Mondes urbains), nous souhaitons approfondir la compréhension des différentes étapes qui permettent de passer du vestige archéologique découvert sur le terrain à son interprétation, de son interprétation à sa représentation tridimensionnelle, afin de développer les interactions entre les disciplines impliquées.

Nous considèrerons en priorité la modélisation 3D du bâti, mais nous envisagerons également celle de l’objet (objet artisanal ou tablette cunéiforme), comme celle du paysage urbain, qui débouchent sur des questionnements voisins, malgré des différences d’échelles.

Nous soulignerons l’importance de la simulation pour tester, dans une perspective expérimentale, des hypothèses de restitution de bâtiments ou d’objets incomplets, ou la reconstitution de chaînes opératoires (succession des gestes techniques) impliquées par la réalisation d’artefacts, parfois complexes par leur forme ou les matériaux composites dont ils sont faits. Il s’agira également d’aborder la reconstitution des « paysages archéologiques » où interviennent de multiples éléments à prendre en compte. C’est donc à une imbrication des échelles que l’on sera confronté.

Nous mettrons l’accent sur la complexité géométrique, la diversité des matériaux et différents phénomènes, tels que les modes de construction ou de fabrication, l’histoire du bâti ou de l’objet (vieillissement, abandon, destruction volontaire, restauration antique, évolution des formes et des usages...), les interactions entre les hommes, leur environnement bâti et les milieux susceptibles d’évoluer, à court terme ou sur la longue durée. Il s’agira à terme d’améliorer le rendu des images tridimensionnelles et d’expérimenter un moyen de projection original pour mieux saisir la pratique de l’espace…. Nous considérerons les opportunités que les modélisations 3D offrent pour la recherche, mais nous aurons également un œil critique pour évaluer leurs limites et les dérives qu’elles suscitent parfois.

Au-delà de l’aspect heuristique de cette thématique, nous nous attacherons à présenter ce que la modélisation 3D peut apporter en termes de pédagogie, de conservation et de valorisation du patrimoine archéologique et traditionnel, de l’objet au bâti et du bâti aux paysages façonnés par l’homme, en interaction avec la nature.