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ANR PARADISE

ANR PARADISE

Les résidences achéménides et leurs "paradis": archéologie du paysage entre Perse et Caucase
ANR-DFG franco-allemande (2017-2020)
Porteurs : Sébastien Gondet (Archéorient), Kai Kaniuth (Ludwig Maximilian Universität) et Jörg Fassbinder (Bayerisches Landesamt für Denkmalpflege)

       

Bien que son impact historique sur les cultures de l'Orient ancien et du bassin oriental de la Méditerranée ait été majeur, l'Empire achéménide (539-330 av. J.-C.) reste, pour l'archéologie, largement insaisissable en-dehors des grands complexes monumentaux de Persépolis, Suse et Pasargades. Ce constat ne cesse d'interroger les historiens et les archéologues alors que les sources textuelles produites par les auteurs antiques ou en divers points de l'Empire témoignent de l'existence d'une gestion efficace de l'espace impérial via le développement d'un réseau administratif dense et développé. En dehors de l'Iran, dans les grands centres qui ont joué un rôle très important en tant que capitales provinciales, les recherches archéologiques ont souvent démontré que les traditions religieuses, l'architecture administrative préexistante et plus généralement les coutumes et pratiques des peuples vaincus perdurèrent très largement dans le cadre d'une politique perse volontairement tournée vers la coopération avec les élites locales.

Ces quinze dernières années, la mise en oeuvre de projets archéologiques basés sur l'emploi des méthodes de prospection ont permis de profondément renouveler cette image. Ces projets ont pu bénéficier des importantes avancées technologiques (plus particulièrement en géophysique) et méthodologiques dans le domaine de l'archéologie du paysage. Au centre de l'Empire, l'étendue et le plan d'organisation des grandes fondations royales de Pasargades et de Persépolis sont beaucoup mieux connus et compris grâce à la mise en oeuvre sur le terrain de projets pluridisciplinaires d'études à large échelle intégrant plusieurs méthodes de prospection ainsi que des fouilles raisonnées. Les prestigieux monuments connus constituent les éléments visibles de véritables villes très étendues qui se sont développées de manière acentrée et multipolaire suivant un plan diffus où les différents secteurs se répartissent dans un paysage aménagé de jardins et de parcs. Parallèlement, à la périphérie de l'Empire, au sud du Caucase, plusieurs centres administratifs d'époque achéménide ont été retrouvés et étudiés. Ils présentent de nombreuses caractéristiques typiquement perses achéménides, inspirés des grands sites du centre de l'Empire, que ce soit du point de vue de l'architecture monumentale ou de celui de leur plan d'organisation. Ces données récentes suggèrent que les Achéménides ont créé et exporté à travers leur vaste territoire des modes d'expression du pouvoir impérial passant par la création de nouveaux paysages sur des échelles rarement observées. Ils devaient s'agir des fameux "paradis" aux fonctions multiples: des résidences luxueuses, pour l’élite, entourées de vastes jardins; des centres administratifs jouant un rôle important pour le contrôle impérial sur les territoires.

L'objectif du projet PARADISE est de continuer à explorer ces hypothèses. Cinq sites géographiquement et hiérarchiquement bien différenciés ont été sélectionnés pour cette étude: en Iran à l'intérieur de l'ancienne province de Perse, Pasargades, la ville de Cyrus, ainsi que deux sites, Borazjan et Farmeshgan, encore méconnus et probablement aux compétences plus locales ; dans le Caucase, Karacamirli, un centre régional important récemment mis au jour en République d'Azerbaïdjan ainsi que Gumbati, un site contemporain situé en Géorgie. Ils seront étudiés par une équipe franco-allemande avec le soutien de leurs partenaires en utilisant les méthodes de prospections archéologiques, géophysiques et géoarchéologiques. Le projet s'articule en plusieurs axes complémentaires dont l'objectif est la restitution la plus complète possible de l'organisation de ces centres de pouvoir, de leurs paysages, de manière à mieux comprendre leur fonctionnement. Les équipements et les compétences seront mis en commun entre les différents participants du projet pour développer nos capacités de restitution et d'analyse de ces sites à la morphologie si particulière.