GAGNEUX Adam

Résumé de la thèse

Ma thèse a pour projet de s'intéresser à un aspect méconnu des sociétés islamiques de la péninsule ibérique, à travers l'étude de la métallurgie du fer en al-Andalus entre les VIIIe et XIIIe siècles de notre ère. Le fer était durant la période médiévale le matériau métallique de base des sociétés à la fois chrétiennes et islamiques, il revêtait ainsi une dimension stratégique importante notamment dans la production d'armements et économique dans la production d'outils servant pour les autres activités artisanales et agricoles. Mon projet s'appuie sur trois sites archéologiques en Espagne localisés à proximité de la frontière entre les domaines musulmans au sud et le royaume de Castille au nord. Ces trois sites se trouvent dans une région proche, entre le nord-ouest de la Castille-la-Manche et l'est de l'Extrémadure. Afin d'avoir la connaissance la plus complète possible sur cet artisanat, ces trois sites sont liés soit à des activités de réduction, soit de post- réduction. Ainsi, la Sierrilla (Extrémadure) est un site d'exploitation du minerai de fer (goethite) avec une possibilité d'extraction directement sur place. Il s'agit d'un site de hauteur sur un éperon barré par un mur possiblement à usage défensif. Lors de prospections, plusieurs bâtiments sont ainsi apparus avec également des zones de transformation du minerai en masse de métal brut à l'aide de bas-fourneaux. De nombreuses scories de réduction ont été repérées lors de ces mêmes prospections pour une masse basse estimée à plusieurs tonnes. Le site d'Albalat (Extrémadure) est quant à lui un site bien connu, fouillé depuis 2009 par Sophie Gilotte (co-encadrante sur cette thèse). Un secteur spécialisé dans la métallurgie a été mis en évidence avec plusieurs ateliers travaillant simultanément. Le site est particulièrement intéressant pour comprendre l'intégration des ateliers de forges au sein d'une bourgade médiévale d'al-Andalus. De plus, le travail de thèse de Pauline de Keukelaere a démontré qu'il y avait une production locale d'armement, notamment de pointes de projectiles. Ce projet sera donc l'occasion d'étudier d'un point de vue technique, grâce à la métallographie, les pointes fabriquées à Albalat et de les comparer à celle des attaquants qui sont venus détruire la bourgade lors de sa dernière phase d'occupation. Vascos (Castille-la-Mache) est quant à lui un site très intéressant pour comprendre la gestion des déchets liés à la métallurgie dans l'espace urbain. Cette thèse a une ambition historique, elle sera l'occasion de mieux comprendre l'artisanat dans la partie nord de l'occident musulman entre les VIIIe et XIIIe siècles à travers l'analyse macroscopique, métallographique, chimique et spatiale des déchets et de certains objets finis liés à la métallurgie du fer retrouvés sur les différents sites de ce corpus. Ce projet a pour ambition également de reconstituer une partie du tissu économique et stratégique local du fer en déterminant l'origine des masses de métal brut utilisées dans les sites de post-réduction comme Vascos et Albalat et ainsi possiblement identifier les sites de réduction et d'extraction correspondants. Cette approche est inédite pour cette période en pour al-Andalus puisque, contrairement à certains autres matériaux, chaque phase de la chaîne de production du fer avait pour l'instant été étudiée de manière indépendante ce qui ne permettait pas de comprendre l'aspect commercial de ce métal. Je bénéficie dans mon travail de l'appui de ma directrice, Marie-Odile Rousset, spécialiste de l'archéologie islamique médiévale au laboratoire Archéorient (université Lumière Lyon 2), de Sophie Gilotte, archéologue spécialiste d'al-Andalus (CIHAM, CNRS) et de Sylvain Bauvais, paléométallurgiste (LAPA-IRAMAT, CNRS, CRFJ).