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Axe 4 - Pratiques funéraires

Axe 4 - Pratiques funéraires

Responsables : Emmanuelle Vila et Virginie Muller

Les pratiques funéraires étudiées par les membres d’Archéorient présentent une grande diversité qui tient à l’étendue de l’aire géographique couverte et à la longue durée des périodes concernées, laquelle favorise une approche diachronique. Cette variété permet de confronter des cultures et des états de civilisation différents, et de mettre en évidence phénomènes globaux, associations récurrentes et spécificités locales ou régionales.

Deux programmes structurent cet axe :

Programme A - Évolution chrono-culturelle des pratiques funéraires

  • Types de tombes, modalités d’inhumation et transitions chrono-culturelles

La diversité des terrains et des périodes sur lesquelles travaillent les membres d'Archéorient impliqués dans les thématiques de l'Axe 4 permet de se pencher sur l'évolution diachronique des pratiques funéraires au sein d'une ou de plusieurs aires culturelles. L'accent portera sur l’évolution des pratiques funéraires au cours des périodes de transition, du Néolithique à la période hellénistique. Il s’agira d’analyser plus particulièrement les continuités et les ruptures perceptibles dans les pratiques funéraires lors des transitions chrono-culturelles. Les raisons qui président au changement en matière de pratiques funéraires restent, en effet, difficiles à appréhender et à corréler avec d'autres évolutions sociétales, qu'elles soient structurelles ou conjoncturelles. Afin de mieux comprendre ces phénomènes, les types de tombes (inhumations en pleine terre, dans des contenants en céramique, crémations, tombes construites, sous tumulus...), les modalités de déposition (sépulture primaire ou secondaire, individuelle ou plurielle...) et les rituels y afférant seront analysés dans différents contextes chronologiques (Néolithisation, phases de l’âge du Bronze, transition âge du Bronze/âge du Fer...) et dans différentes régions (Crète, Proche-Orient, Anatolie, Arabie, Iran, Sud Caucase, Asie centrale).

  • Socio-économie de la mort

Ce sous-programme s'intéresse aux aspects économiques de la mort dans les sociétés anciennes, en particulier aux spécificités et à l'évolution des dépôts funéraires qui, selon les rituels mis en place par les vivants pour disposer de leurs morts, peuvent représenter un enjeu économique majeur – surtout dans le cas de tombes monumentales et/ou de tombes où sont déposés des objets précieux tels que récipients, bijoux et armes en métal. Il s'agira aussi de chercher à mettre en évidence des catégories et des types— mobilier constitué d'objets personnels ou spécifiquement réalisés pour les funérailles, aliments végétaux ou carnés... — exclusivement ou prioritairement réservés au contexte funéraire et d'explorer les raisons de ces choix.

Le sort post-dépositionnel de ces dépôts sera également étudié, d'une part à travers les traces de pillage, qui remontent parfois à une période proche de celle de l'enfouissement (nécropole de Abu Saïba à Bahreïn), mais aussi à travers les prélèvements officiels de mobilier funéraire dont les archives administratives des sociétés palatiales (akkadien, hiéroglyphique, linéaire B) gardent des traces.

D'une manière plus générale, la gestion de la mort, ses retombées économiques sur la société des vivants, son impact sur le fonctionnement du pouvoir politique et son instrumentalisation feront l'objet d'une approche interdisciplinaire faisant appel à l’archéologie, l’anthropologie biologique, l’archéozoologie, l’archéobotanique et l'épigraphie.

Programme B - Géographie de l'espace funéraire

  • Implantation territoriale des structures funéraires

Outre les fouilles, les prospections archéologiques et géophysiques ou même la télédétection mettent en évidence des tombes, voire des nécropoles, en relation ou non avec des structures d'habitat. Les sépultures et leur implantation peuvent alors faire l'objet d'une analyse spatiale, dans leur rapport soit à l'espace habité soit à d'autres tombes, de même type ou de types différents, en diachronie ou par période, sur le même modèle que le "settlement pattern" pour les sites habités. Dans le cadre de cette opération, on cherchera à comprendre les principes qui ont présidé au choix d'un lieu d'implantation pour les structures funéraires et à mettre en évidence leur relation à l'environnement et à l'organisation sociale, politique et économique des populations qui les ont utilisées. Il s'agira ainsi de mesurer leur impact sur la structuration des territoires via, en particulier, le rôle de marqueur spatial généralement imputé aux tombes monumentales. L'évolution du schéma d’implantation des structures funéraires au cours du temps sera également examinée là où les données le permettent (Asie Centrale, Caucase, Iran, Syrie, Jordanie, Arabie), en prolongement de l'opération 4.A.1 sur les transitions chrono-culturelles. Cette opération rejoint et complète, à travers l'examen des données funéraires, les questionnements de l'opération 2.A.2. "Structuration des territoires".

  • Tumuli et installations connexes

Les sépultures sous tumulus sont depuis très longtemps la cible tant des archéologues que des pilleurs d'antiquités, principalement parce que la plupart de ces structures funéraires sont restées bien visibles jusqu'à aujourd'hui. Dans les deux cas, les recherches se sont longtemps concentrées sur la tombe centrale et ses richesses présumées, au détriment du monument lui-même : conception, processus d'édification, matériaux de remplissage, éventuellement préparation du sol d'origine, tombes secondaires, durée d'utilisation.

Si ces aspects ont reçu davantage d'attention durant les dernières décennies, les recherches portant sur les installations connexes sont encore embryonnaires. Ces installations, par exemple des fosses, fossés, constructions périphériques, pierres dressées, dallages, plateformes, portes symboliques, voies d'accès, ainsi que tous les vestiges laissés par des activités liées à la présence du tumulus, impliquent une exploration étendue du niveau de circulation correspondant à la période de construction des tumuli, via la prospection géophysique et/ou la fouille. Il est en effet avéré que ces monuments ont servi de point focal aux communautés qui les ont édifiés, pour le déroulement de rituels divers, impliquant souvent la consommation de boisson et de nourriture ou le dépôt d'offrandes. On commence ainsi à mesurer l'importance des informations que recèlent les alentours des tumuli pour comprendre le fonctionnement et la signification de ces monuments.

Cette opération a pour objectif de recenser et d'étudier non seulement la composition des tertres, mais aussi, plus spécifiquement, tout type d'aménagement installé sur le pourtour ou aux alentours d'un tumulus pour pouvoir préciser la nature et compléter le spectre des activités liées à sa présence, en sus des ensevelissements de défunts. La prospection géophysique sera mise en œuvre, au premier chef pour les nouveaux tumuli et cairns qui pourront être explorés durant le quinquennal (Azerbaïdjan, Crète, Jordanie, Barheïn, Arabie), mais aussi pour le réexamen de tumuli déjà fouillés.